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assiettes de faïence, l’une pour la dame, l’autre pour la servante qui se croyait un peu de la famille, pour avoir eu affaire jadis au défunt mari de Charlotte de Vival.

La Toinou tira dans un saladier à fleurs, des « mongettes », comme on dit au pays, c’est-à-dire des haricots, accompagnement ordinaire du millassou. Puis elle servit Blaise pendant que la mère coupait le gâteau de maïs fumant, d’une belle couleur jaune.

— Tu l’as bien réussi, Toinou, dit-elle.

— Oui ! ajouta Blaise, en mordant son morceau à pleines dents.

De vin, il n’y en avait pas sur la table, pas même de piquette. Aux vendanges dernières, la Toinou avait fait une boisson avec des baies de genièvre et des grapillons hallebotés après de vieilles souches mourantes, ou ramassés dans les talus, sur des vignes sauvages ; mais depuis longtemps elle était finie. Un pichet était là, plein d’une belle eau claire de la fontaine, où chacun remplissait son gobelet de verre verdâtre.

La Toinou se leva de table la première ; puis Mme de Roquejoffre, et enfin Blaise. Après avoir avalé deux pleines assiettées de haricots et mangé la moitié du millassou, il déclara qu’il avait bien dîné, but une dernière lampée d’eau et s’en fut courir les bois.

— Si vous le trouvez à propos, dit la Toinou en lavant les assiettes, j’irai voir ce tailleur de Captus, pour les habillements du jeune monsieur.

— Eh bien, vas-y.