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On a promis d’abord, et puis, on est sensible
Aux menaces : coucher dehors !… oui, plus souvent…
Un coup de vin pourtant, ça réchauffe le ventre !

Ça n’est pas dangereux, l’hiver !

Et puis, quoi ! qui vous force à tant boire ?…..et l’on entre

Histoire de tuer le ver !

Les compagnons ont eu la même idée :
« Tiens ! c’est Bidaut !… ohé ! Bidaut !… » Une bordée

D’éclats de rire et de longs cris joyeux

Accueille son entrée… « Ohé ! Viens là, mon vieux,

Nous allons rire un peu, j’espère !…

Siffle-nous ta chanson ?… siffle d’abord ce verre !… »
Et Bidaut, au milieu d’un déluge de mots,

De hurrahs, de cris d’animaux,
Qu’on imite en lui faisant fête,
Près des vieux amis de vingt ans,
Sent déjà dérailler sa tête
Au choc des verres éclatants !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Il est bientôt minuit… il fait un froid du diable.
Un homme, le front bas et se parlant tout haut,
Marche en zig-zags avec une peine incroyable
Dans une rue étroite et sombre : c’est Bidaut.