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revue de métaphysique et de morale.

psychologisme de la logique, à l’exclure de la psychologie.

Là serait évidemment le vice le plus radical, s’il était plus que dans des formules accidentelles, de l’idée de la logique pure et de la phénoménologie qui s’y rattache. Car par là serait compromise la conception très juste de l’indépendance de la logique à l’égard de la psychologie, conception qui ne peut être sauvegardée que si l’on rend à la psychologie son indépendance à l’égard de tout intellectualisme et de tout logicisme. Contre les notions utilitaires, pratiques, téléologiques de la connaissance, contre ces notions que le pragmatisme récent a recueillies et rendues plus diffuses, une doctrine comme celle de Husserl a le mérite de redresser l’esprit dans sa fonction essentiellement théorique, essentiellement régulatrice, de restituer le droit des significations logiques, précises et rigides, si arbitrairement ramenées à des approximations, si arbitrairement rendues fluides pour pouvoir mieux convenir à l’indétermination de certaines façons de penser. Reste à savoir si la logique pure, telle que l’entend Husserl, par excès de rigidité formelle, par abus de l’esprit mathématique, ne risque pas de livrer le monde donné, le monde de la science positive, à l’indétermination du sub-logique, si elle est capable de relier, autrement que par des compromissions et des artifices, la pensée à l’expérience. Il faudrait pour en juger que l’étude de son œuvre fût plus complète, comme aussi l’œuvre de Husserl même.

Victor Delbos.