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plus à leur complication, mais à la valeur objective des unités théoriques fondées sur elles : ces lois constituent à leur tour des théories, théorie des raisonnements, dont fait partie la syllogistique, théorie pure des nombres, etc. — Un troisième ordre de recherches aurait pour but la théorie des diverses formes possibles de théories ; il y a un ordre de procédés définis, d’après lequel nous construisons les formes possibles, nous produisons leur enchaînement régulier et nous les convertissons les unes dans les autres en variant leurs facteurs essentiels. La mathématique formelle, en ce qu’elle a de plus universel, nous fournit un type partiel de ce que cette recherche devrait réaliser. Au surplus, le développement de la théorie logique nous fait de divers côtés pénétrer dans la mathématique pure : les théories du raisonnement, du syllogisme, ne sont elles pas revendiquées par les mathématiciens ? Il n’y aurait lieu de protester contre ce fait que si l’on avait appris la mathématique uniquement chez Euclide, que si, méconnaissant le développement de la mathématique moderne, on prétendait toujours exclure de la mathématique tout ce qui n’est pas nombre et quantité. Reste cependant une différence entre le mathématicien et le philosophe. Le mathématicien n’est pas à la vérité un théoricien pur ; c’est un constructeur qui, tout en ne visant qu’à des suites de raisons formelles, édifie la théorie comme un ouvrage d’art. Il y a donc une autre œuvre à élever, la théorie des théories, et cette œuvre revient au philosophe.

Mais cet étroit rapprochement de la logique et de la mathématique ne va-t-il pas exclure du domaine de la logique les sciences de fait qui s’établissent par l’expérience ? Oui et non. Dans ces sciences, la théorie est simplement supposée ; elle se développe d’après des lois qui pour la pensée sont, non pas certaines, mais simplement probables. Seulement la probabilité a ses lois qu’une logique complète doit comprendre.

Il faut se borner ici à exposer dans sa généralité l’idée que Husserl se fait de la Logique pure. Ce n’est pas que lui se soit arrêté là, bien qu’à vrai dire il n’ait pas directement et méthodiquement constitué l’œuvre dont il a avec autant d’énergie que de subtilité défini le sens. Aux Prolégomènes, qui ont été le principal objet de cette exposition, il a ajouté dans une seconde partie de son ouvrage des études touchant la phénoménologie et la théorie de la connaissance (1901). Et certes c’est dans le détail, souvent très