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v. delbos. — husserl.

n’est point une unité essentielle. Les sciences nomologiques sont les sciences fondamentales, et c’est à elles que tentent de se rattacher les sciences concrètes dès qu’elles prétendent à plus de rigueur. Ce n’est pas au reste décider par là de la valeur respective des deux sortes de sciences. L’intérêt théorique n’est pas le seul que l’on doive considérer. Il y a des intérêts esthétiques, moraux, pratiques, qui peuvent et doivent entrer en ligne de compte. Mais ce qu’il est juste de soutenir, c’est que, là ou l’intérêt théorique prime tout, le fait particulier et la liaison empirique n’ont aucune valeur, ou plutôt n’ont de valeur que comme point de départ pour l’élaboration d’une théorie générale.

Le problème essentiel de la Logique, c’est donc le problème concernant les conditions de la possibilité de la science en général, de la possibilité de la théorie et de l’unité déductive. Il s’agit d’abord de définir les concepts primitifs qui font l’enchaînement de la connaissance : ces concepts sont naturellement les concepts des formes de liaisons élémentaires, grâce auxquelles est possible l’unité déductive des propositions, par exemple, la liaison conjonctive, disjonctive, hypothétique, qui fait passer de certaines propositions à des propositions nouvelles ; en outre les formes de liaisons des éléments significatifs des propositions simples, et ceci conduit à étudier les diverses formes de sujet, de prédicat, etc. Il y a des lois définies pour les complications progressives par lesquelles une pluralité illimitée de formes nouvelles sort des formes primitives, et ces lois rentrent naturellement dans le cercle d’études que nous traçons. En rapport avec les concepts qui sont les catégories de la signification, il y a des concepts qui sont les catégories objectives formelles, concepts d’objet, d’unité, de pluralité, de rapport, de liaison, etc. Dans tous les cas, ce sont toujours des concepts indépendants de toute matière particulière de connaissance ; ce sont des concepts que l’on obtient par la réflexion sur la fonction de la pensée. Il faut en déterminer l’origine, non pas, bien entendu, l’origine psychologique, mais l’origine logique ; c’est-à-dire qu’il s’agit d’en savoir le sens et d’en marquer la signification distinctive. Et quand on n’a pas affaire à des concepts simples, il y a lieu de retrouver le sens des concepts élémentaires qui les composent, ainsi que les concepts de leurs modes de liaison formelle. — Un second groupe de problèmes concerne l’établissement des lois qui ont leur principe dans les catégories dont nous venons de parler, et qui ont trait, non