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traduction du xxxiv livre

la réputation, celui de Corinthe eſt le plus eſtimé : le hasard en fit l’alliage dans l’embraſement de cette ville, lorſqu’elle fut priſe & incendiée. La paſſion de bien des gens pour ce bronze a été ſurprenante, puiſqu’on rapporte que la ſeule cauſe pour laquelle Antoine proſcrivit Verrès avec Cicéron, qui l’avoit fait condamner, fut que Verrès avoit refuſé de lui céder ſes bronzes de Corinthe (2). Pour moi, je crois que c’eſt ſeulement pour ſe diſtinguer que le plus grand nombre ſe pare de cette connoiſſance, & qu’au fond ils n’y entendent pas plus que les autres. Je vais le prouver en peu de mots (3). Corinthe fut priſe la troiſieme année de la 158e olympiade, l’an 608 de notre ville ; & plus d’un ſiecle avant, il n’y avoit plus de ces ſtatuaires célebres dont on prétend que ſont toutes les ſtatues qu’on appelle aujourd’hui d’airain de Corinthe. Ainſi, pour convaincre nos prétendus connoiſſeurs, je marquerai le temps où les artiſtes ont vécu ; &, par la comparaiſon des olympiades, il ſera facile de compter les années de Rome. Il n’y a donc vraiment d’airain de Corinthe que des vaſes dont ſe ſervent nos magnifiques, tantôt pour vaiſſelle, tantôt pour lampes, &, ſans égard à la propreté, pour baſſins d’aiſance. Il y a trois eſpeces de cet airain : le blanc, qui approche de l’éclat de l’argent, parceque le mêlange de l’argent y a dominé ; le ſecond, qui a le jaune de l’or ; le troiſieme, où l’alliage a été égal. Nous avons encore une autre ſorte d’ai-