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pour commander, ou pour servir : un état mitoyen leur est à charge.

J’ai déjà expliqué à quels égards les hommes étaient et devaient demeurer parfaitement égaux, et comment la nature, sans troubler le niveau de cette égalité fondamentale, avait distribué aux individus de notre espèce différentes qualités pour leur servir de titre, et sur quoi elle avait réglé la place et les rapports utiles de chaque membre de la société.



En quoi consistent la liberté et la dépendance.


Examinons à présent en quoi consiste la véritable liberté politique ou civile de l’homme, dont les moralistes n’ont jamais en une idée juste, non plus que du bien ou du mal moral.

Je dis, premièrement, que la véritable liberté politique de l’homme consiste à jouir, sans obstacles et sans crainte, de tout ce qui peut satisfaire ses appétits naturels, et, par conséquent, très-légitimes ; mais que cette heureuse liberté dépend elle-même d’une combinaison de causes qui rendraient cette jouissance très-possible, si les moyens n’en eussent été pervertis et troublés.

Si, par liberté, on entend une entière indépendance qui exclue absolument tout rapport d’un homme à un autre, je dis que cette liberté serait un état de parfait abandon, situation dans laquelle les hommes vivraient isolés comme les plantes ; alors plus de société.

L’espèce de dépendance des différents membres de l’humanité, leurs divers rapports naturels ne sont pas plus un défaut de liberté, une gêne, que la réunion et la dépendance des organes ne sont, dans un corps animé, un défaut de vigueur ; au contraire, cette association,