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nité, cette première loi de nature qui semblait devoir changer la face des nations ? Il fallait que, faute de mesures politiques, faute de sages arrangements qui pussent donner une forme stable à sa régie, cette charité si vantée se vît supplanter par mille momeries, et que, grossièrement associée à la propriété et à l’intérêt, elle en contractât les vices, ou plutôt ne fût plus qu’un vain nom attribué aux fastueuses et passagères libéralités du riche, qui, sans améliorer le sort de l’indigent, ne firent qu’entretenir sa fainéantise. On vit alors le ministre des autels s’approprier, comme salaire de ses vœux corrompus, l’héritage du pauvre ; on vit ces prétendus médiateurs entre Dieu et l’homme marchander avec le stupide opulent, au moment du trépas, la rançon de ses injustices ; on vit le pontife orgueilleux transformer les remontrances de la correction fraternelle en une insolente domination, masquée des apparences d’un zèle apostolique[1] ; le vulgaire, enfin, en changeant de superstition, resta ce que la politique ordinaire et l’imposture avaient intérêt qu’il continuât d’être.



Esprit monacal entièrement opposé aux lois de la nature.


Qu’on ne me dise pas que le véritable esprit du christianisme, cette communauté des biens de la nature, cette

  1. A qui peut-on justement appliquer, de nos jours, les sanglants reproches que Jésus-Christ faisait aux Pharisiens ? Reliquistis quæ graviora sunt legis… comedistis domos viduarum… intus estis pleni rapinæ et immunditiarum… Opera sua faciunt ut videantur ab hominibus ; dilatant philacteria sua et magnificant fymbrias ; amant primos recubitus, primas cathedras… salulationes in foro, et vocari ab hominibus Rabbi… Alligant onera graviora et importabilia, et imponunt in humeros hominum, digito enim suo nolunt movere. Matth. cap. 23.