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ramené à l’unité de système. Bossuet a très·bien dit aussi comment toutes les passions peuvent naître de l’amour. « Nous pouvons dire, si nous consultons ce qui se passe en nous-mêmes, que nos autres passions se rapportent au seul amour qui les enferme ou les excite toutes. La haine qu’on a pour quelque chose ne vient que de l’amour qu’on a pour une autre ; ainsi, je n’ai de l’aversion pour quelqu’un, que parce qu’il m’est un obstacle à posséder ce que j’aime. Le désir n’est qu’un amour qui s’étend au bien qu’il n’a pas, comme la joie est un amour qui s’attache au bien qu’il a, etc. » (Connais. de Dieu et de soi-même, chap. I). Quant à cette opinion, systématiquement développée par Morelly et par Charles Fourier, que le monde moral est soumis comme le monde physique à la loi de l’attraction ; elle se trouve également dans quelques philosophes contemporains de Morelly. Un écrivain, qui n’est pas du reste aussi digne que l’auteur du Code d’être arraché à l’oubli, M. de Listonai, a dans son Voyageur philosophe inséré un chapitre curieux sur l’attraction intellectuelle, dont nous citons textuellement ces quelques lignes : « Chap. XI De l’attraction intellectuelle, POUR SERVIR DE SUPPLÉMENT A LA PHILOSOPHIE DE NEWTON (sic). Les vrais physiciens, parmi nous, n’hésitent plus à admettre la force de l’attraction dans toute la nature ; mais ils n’en reconnaissent encore les effets que sur la matière… L’attraction et l’électricité sont les causes de tous les phénomènes tant physiques que moraux. L’attraction est une force dont on connaît l’action dans toute la nature ; elle opère non seulement sur les corps matériels, en raison directe de la masse et inverse du carré de la distance ; mais une vérité non moins importante, c’est qu’elle agit pareillement sur les objets intellectuels, en suivant exactement les mêmes lois. Il serait bien singulier que ce système séduisit quelques esprits : quelle révolution ne cau-