des Chaldéens, des Égyptiens, etc., toutes défectueuses et imparfaites qu’elles étaient, ont subsisté si longtemps dans leur entier ; si ensuite, fondues et compilées, elles sont devenues universelles ; si on peut dire que les Grecs ont subjugué les Romains par leurs lois, comme ceux-ci ont soumis par la force des armes les autres nations ; si ces mêmes Romains ont vu les Barbares mêmes qui inondaient et dépeçaient l’empire, adopter leurs lois ; si presque l’Europe entière leur obéit aujourd’hui, quelle eût été la durée et la stabilité de celles qui auraient infailliblement prévenu les funestes et sanglantes révolutions arrivées dans ce monde ?
Des lois paisibles qui auraient, de plus en plus. resserré les liens de la société chez un peuple humain, bienfaisant, auraient été un puissant exemple pour une autre nation ; ces sages institutions auraient, de proche en proche, étendu leur douce autorité par toute la terre ; elles auraient fait tomber les armes des mains des peuples les plus féroces ; et c’est précisément parce qu’elles ont été négligées dès les premiers temps, qu’elles paraissent à présent impraticables ; mais cela peut-il excuser la fausseté des principes sur lesquels sont bâtis notre Droit civil et notre Droit des gens ?
Quand je parle de la fausseté des principes de nos deux Codes, j’entends qu’ils supposent toujours une perversité naturelle qui n’est point dans l’homme. Le premier de ces principes : Ne fais point à un autre ce que tu ne voudrais pas qu’il te fît, admet comme constant et ordinaire que les hommes peuvent sérieusement penser à se nuire ; ce qui n’arriverait jamais, si les lois même ne les expo-