quelque accident l’avait divisé, ont aidé et favorisé la ruine de toute sociabilité. Sans altérer, dis-je, la totalité des choses immobiles, elles devaient ne s’attacher qu’à régler non la propriété, mais l’usage et la distribution de celles qui ne sont point stables : il ne fallait pour cela que partager les emplois, les secours mutuels des membres d’une société : s’il devait régner quelque inégalité harmonique entre des concitoyens, c’était de l’examen des forces de chaque partie de ce tout qu’il fallait déduire ces proportions, mais sans toucher à la base qui porte le corps de la machine. C’est une maxime de prudence économique, qu’un homme riche en fonds ne doit projeter que sur l’emploi de ses revenus.
C’est sur l’évidence des principes que je viens de m’efforcer de dégager comme d’un tas de ruines, que j’ose ici conclure qu’il est presque mathématiquement démontré que tout partage, égal ou inégal, de biens, toute propriété particulière de ces portions, sont dans toute société ce qu’Horace appelle summi materiam mali. Tous phénomènes politiques ou moraux sont des effets de cette cause pernicieuse ; c’est par elle qu’on peut expliquer et résoudre tous théorèmes ou problèmes sur l’origine et les progrès, l’enchaînement, l’affinité des vertus ou des vices, des désordres et des crimes, sur les vrais motifs des actions bonnes ou mauvaises, sur toutes les déterminations ou les perplexités de la volonté humaine, sur la dépravation des passions, sur l’inefficacité, l’impuissance des préceptes et des lois pour les contenir ; sur les défauts même techniques de ces leçons, enfin sur toutes les mons-