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Réponses, ou nouvelles preuves des succès qu’auraient des lois
fondées sur la nature, chez des nations exemptes de nos préjugés.


Je répliquerai aux préliminaires de ces objections, que les moyens de sociabilité que je propose sont d’autant plus sûrs, qu’ils ne sont, comme je l’ai prouvé, sujets à presque aucun des inconvénients qui traversent les succès, ou affaiblissent le pouvoir des moyens violents de la politique ordinaire ; j’ajouterai ici que nos institutions étant soutenues de plus de considérations et de motifs encourageants, pourront infiniment sur des nations supposées exemptes des préjugés qui naissent de l’esprit, vraiment indocile et paresseux, de propriété et d’intérêt particulier ; esprit qui ne peut devenir sociable que par crainte. Si, indépendamment de tout ceci, il n’est point de situation où l’homme soit toujours également disposé à déférer sans répugnance aux conseils, aux remontrances les plus raisonnables, notre hypothèse n’exclut point alors une autorité sévère qui dompte ces premiers dégoûts, et qui oblige une première fois à des devoirs que l’exercice rend faciles, et que l’évidence de leur utilité fait aimer ensuite.

J’ai déjà dit que nos lois seraient telles qu’elles n’auraient qu’un seul vice à réprimer, l’oisiveté, et que leurs dispositions, prévenant tout autre mal, seraient telles qu’elles ôteraient encore au citoyen tout prétexte de se dispenser de travailler au bien commun de la société.

Pour résoudre plus particulièrement ce qu’on allègue, que les peuples sauvages des pays chauds, plus faibles et plus enclins à l’oisiveté, se prêteraient moins à mes arrangements politiques que d’autres, je dis que ces peuples étant en même temps ou plus abondamment pourvus des choses nécessaires à la vie, ou plus sobres, embrasseraient