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Si nous épargnons quelques-uns de nos prisonniers ; si nous les adoptons pour remplacer nos morts, alors, loin de souffrir qu’ils prennent part à nos travaux, nous les nourrissons comme nos femmes et nos enfants, sans rien faire, et tu voudrais assujettir une partie de notre nation à cette déshonorante servitude, et faire qu’elle commandât à nos vaillants et laborieux chasseurs. Va, tu as perdu le sens. »

Je prévois ce qu’on opposera au parallèle que je viens de faire des institutions vicieuses de notre politique vulgaire, et des sages règlements qui ne seraient que de justes applications des lois de la nature, et qui n’imiteraient que ce qu’elle opère pour rendre les hommes vraiment sociables.



Objections contre la possibilité de notre système chez des nations
qui n’auraient point encore reçu de lois.


Si vous trouvez, dira-t-on, dans quelques pays, des hommes véritablement disposés à obéir aux impressions de ces lois ; des hommes tels que vous les désirez pour en faire les citoyens de votre république, nous les excepterons avec vous de la règle générale, qui ne vous permettra pas de conclure que la nature les ait pareillement disposés par toute la terre.

Nous dirons encore, 1° qu’il n’est pas bien sûrr que ces peuples dociles naissent avec les qualités que vous leur trouvez ; puisque, comme l’a très-sagement observé l’auteur de l’Esprit des lois, la rigueur du climat donne aux peuples septentrionaux de l’Amérique une constitution forte et vigoureuse, qui contribue, ainsi que la stérilité des contrées qu’ils habitent, à les rendre actifs et laborieux.