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DEUXIÈME PARTIE.

DÉFAUTS PARTICULIERS DE LA POLITIQUE.


Preuves expérimentales de nos principes.

L’objection que fait l’auteur de la Bibliothèque sur la note déjà citée du troisième chant de la Basiliade, me donne occasion d’entrer ici dans un détail circonstancié de nouvelles preuves des vrais principes de toute morale et de toute législation, et de démontrer analytiquement l’origine et les progrès des erreurs qui ont perverti l’excellence des lois primitives de la nature.

Voici ce que ce savant oppose à l’hypothèse de notre poëte : « On sait assez combien il y a de distance entre les plus belles spéculations de cet ordre et la possibilité de l’exécution ; c’est que dans la théorie on prend des hommes imaginaires qui se prêtent avec docilité à tous les arrangements, et qui secondent, avec un zèle égal, les vues du législateur ; mais dès qu’on veut réaliser les choses, il faut se servir des hommes tels qu’ils sont, c’est-à-dire indociles, paresseux, ou bien livrés à la fougue de quelque violente passion. Le projet d’égalité est, en particulier, un de ceux qui paraît le plus répugnant au caractère des hommes : ils naissent pour commander ou pour servir : un état mitoyen leur est à charge. »