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tation, dit M. Barbier, est tout à fait inutile. » Mag encycl., mai 1805.

Le seul ouvrage de Diderot qui touche directement aux idées de Morelly, le Supplément au voyage de Bougainville, ne parut que longtemps après le Code de la Nature : il en est de même des principaux écrits de J.-J. Rousseau : L’Émile, le Contrat social, et en général toutes les productions du dix·huitième siècle, qui accusent la puissance rénovatrice de cette époque, sont postérieures au chef-d’œuvre de Morelly. Ainsi donc, Morelly, placé au début de ce mouvement réformiste dont 89 est une traduction encore indécise, en a dès l’abord assigné la direction et les limites extrêmes dans quelques pages écrites avec cette concision rapide donnée aux génies, qui peuvent tout résumer, parce qu’ils voient tout d’assez haut.

En commençant l’étude historique des idées sociales auxquelles nous fûmes d’abord initié par Ch. Fourier, nous étions loin de nous attendre à trouver admirablement formulées, dans un écrivain presque ignoré du siècle dernier, les plus fondamentales de ces idées. Il faut même reconnaître que Morelly a surpassé et ses devanciers, Platon, Morus, Campanella, et ses continuateurs, Mably, Owen, Saint-Simon, etc., par la lucidité entraînante et l’enchaînement vigoureux des arguments qu’il invente et qu’il rajeunit. Le Code de la Nature et quelques fragments choisis de la Basiliade placent leur auteur au rang des écrivains éminents de la France, et nul doute que Morelly n’eût obtenu de son vivant une belle gloire littéraire, s’il eût pu se résoudre à nous annoncer, en bons termes, ce que personne ne peut ignorer. Avant d’aborder les questions sociales, Morelly s’était déjà exercé sur des matières très diverses : il avait mis au jour, en 1761, l’ouvrage intitulé le Prince, 2 vol. in-12 ; et celui-ci avait été précédé de deux Essais sur l’éducation,