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parler, écrire, codifier, faire des constitutions et traiter les intérêts du public. Ainsi ces mêmes écrivains qui admettent qu’on ne doit pas proposer des places d’organisation sociale, que l’art de déplacer le pouvoir est plus important que celui de s’en servir, sont loin de porter cette imprévoyance dans les affaires de la vie. Ils exigeront fort bien d’un architecte qu’il soumette ses plans et ses devis pour la construction de la plus humble maison ; ils ne donneront pas tête baissée dans la plus petite entreprise industrielle sans avoir vu une description, un échantillon ; et si des penseurs comme Fourier et Morelly viennent donner un moyen de détruire la misère et les causes de révolution, alors comme il ne s’agit plus que du bonheur général de toute une nation, on ne daigne pas examiner les plans proposés, et les gouvernements dont l’insouciance pour toute amélioration est encouragée par le silence d’une presse pusillanime et inintelligente, gardent un rôle purement expectant, et s’endorment sur des volcans. Les peuples eux-mêmes, auxquels on ne donne jamais aucun moyen pratique pour sortir de leur misérable condition, sont conduits par des meneurs sans idées à des changements sans résultats.

Encore une observation importante avant de finir. On a vu que l’association et la communauté sont aussi vieilles que le monde, et qu’elles ont toujours été enseignées et même mises en pratique d’une manière incomplète. Or, dira-t-on, et c’est une objection que nous ne pouvons laisser sans réponse, comment se fait-il que des essais d’association déjà tentés n’aient pu convertir par la bonté de leurs résultats tout le genre humain ? Morelly en disant qu’il faut spéculer sur un nombre suffisant de personnes, et Fourier que l’association doit être intégrale, ont donné la raison pour laquelle des essais partiels ne peuvent pas réussir. Avant eux les jurisconsultes avaient aussi étudié