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jours Saint-Simon et Owen, et tant d’autres dont les écrits dorment oubliés dans la poussière.

Parmi ces penseurs dont quelques-uns n’ont pas échappé à la renommée, parce qu’à côté d’idées très-avancées, ils en ont émis d’autres d’une médiocrité plus convenable, plusieurs ont annoncé, prêché même, l’union fraternelle des hommes et l’égalité des droits. Ils ont senti que la famille consanguine, dans laquelle travaux et plaisirs sont communs entre frères, était un modèle toujours vivant des rapports qui doivent exister entre les membres de la famille sociale et politique. Or tout membre de la famille apporte en naissant le droit de vivre qui est antérieur à celui de travailler. Ce droit à la vie physique et intellectuelle, au pain du corps et de l’esprit, oblige de laisser en communauté une partie, sinon la totalité des ressources accumulées, afin que les survivants, ne trouvant plus les parts faites, ne mettent pas toujours, par leur révolte contre cette spoliation anticipée de leurs droits, la société impitoyable dans la nécessité de leur ôter la liberté ou la vie. Pour assurer la jouissance du droit commun, plusieurs réformistes ont proposé la communauté des biens, non pas cette communauté primitive des peuples nomades qui est incompatible avec le développement de l’agriculture, mais la propriété commune à un nombre de personnes suffisant pour que les avantages économiques de la vie en commun puissent compenser et au-delà les frais de l’éducation commune. Enfin Ch. Fourier, sans admettre la communauté en tout, lui a fait une large concession, en accordant à tout membre de la Phalange un minimum décent, c’est-à-dire l’usage commun de tout ce qui est vraiment utile au soutien et à l’aisance de la vie. S’il a laissé en dehors de ce minimum certaines choses plus rares dont les travailleurs se font la répartition d’après le travail et le talent, c’est qu’ami de l’ordre