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près inutiles, puisqu’à toute fonction utile répond un goût naturel, une vocation arrêtée dans les individus ; les avis des chefs sont suivis avec plaisir ; « Personne ne se croit dispensé d’un travail que le concours unanime des efforts rend amusant et varié. » Et « les différents emplois ne sont plus des travaux, mais des amusements » (Basil. ch. II). Rien ne serait plus facile que la législation d’une telle réunion fraternelle ; car de la liberté la plus illimitée résulterait l’ordre le plus parfait. C’est bien alors vraiment qu’on pourrait s’en remettre à la bonne nature, et n’accepter pour règle de conduite que ce précepte inscrit sur la porte de l’abbaye de Thélème :

FAY CE QUE VOULDRAS.
RABELAIS (Gargantua).

Ou cet autre non moins facile à suivre :

VAS, ADMIRE ET JOUIS.
MORELLY (Basil., XII).

Voilà sans contredit la plus douce vie que puissent rêver des êtres libres et intelligents. Pour peu qu’on tienne au bonheur, on doit désirer un état dans lequel toute contrainte serait inutile, parce que l’obéissance serait l’accomplissement d’un désir (Basil., chap. II).

Morelly a très bien senti que la réunion seule des hommes pour un travail commun rendrait ce travail amusant et varié. Il n’a pas sans doute fait comme Charles Fourier la théorie scientifique du travail attrayant, il n’a pas caractérisé les mobiles qui nécessitent impérieusement l’organisation sériaire de toutes les fonctions. Mais il donne des résultats vivants, et montre la série et le groupe en action. Choisissons un exemple de travail varié ; celui des grandes routes à percer, « les enfants, les femmes, les vieillards, ainsi que les plus robustes, quittent