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membres d’un société réglée sur des principes qui n’ont point de stabilité.

Dans vos républiques, un homme ne peut réparer le tort fait à un autre, reconnaître le domaine ou la supériorité d’un maitre, qu’en se dépouillant des choses qu’il a ravies, ou qu’en s’abstenant des choses qui distinguent son supérieur ; et il croit émouvoir le divin possesseur de tout par la privation de quelque bien : il ne peut rien lui donner, il détruit, il anéantit, comme par dépit contre soi-même, ce qu’il offre à la source de tous biens, comme s’il prétendait par là faire rentrer ses présents dans ce sein immense.

Dieu a marqué aux hommes un point fixe de Bonheur, la nature ; les hommes peuvent s’en écarter : quitter ce sentier heureux, est erreur, crime et punition en même temps. Les calamités, les douleurs et les regrets, les remords dans le calme des passions, ne sont point une inutile vengeance d’un maitre qui satisfait son ressentiment ; ce sont des avis de rentrer dans l’état auquel on compare alors sa misère.

Les lois ont divisé l’humanité et Pont affaiblie par cette violence ; elles ont voulu assujettir ses portions dépecées à des règles qui cessent d’être praticables quand le tout ne subsiste plus : c’est prétendre fixer un sable sans liaison ; elles disent à l’homme « Tu périras, si tu deviens coupable ; » et elles le mettent dans la nécessité de le devenir.

Les terribles menaces de vos lois n’empêchent pas qu’on ne les viole ; celles que l’on a faites de la part de vos divinités sont encore plus redoutables, et elles n’arrêtent pas les crimes. S’il y a quelqu’un de bon, de bienfaisant, c’est indépendamment de toute crainte. Il était donc inutile que, pour aggraver les misères des mortels, on les effrayât de malheurs futurs, étendus jusqu’au delà