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mais à un plus haut point de perfection, ou, si je me trompe à l’égard des bornes que je mets à leurs progrès, au moins est-il certain qu’elles ne peuvent être traitées d’une manière plus agréable et plus capable d’inspirer à la raison du goût pour la vérité.

Quant à la morale, la plupart de ses fondements sont posés sur tant de faux appuis, que presque tous les édifices érigés sur ce fonds manquent de solidité ; ceux de nos écrivains qui en sentent le faible n’osent creuser : la politique et la superstition craindraient la chute de leurs maximes tyranniques ; l’ignorance et l’imposture se verraient démasquées : d’autres se croient bonnement en terre ferme, et s’étayent comme ils peuvent ; enfin, à l’exception d’un petit nombre assez courageux pour s’aider du vrai, le reste lui substitue dans ses écrits une foule d’ornements dont il habille comme il peut les ridicules idoles qu’encense le vulgaire.

Désastreux résultats du partage égal du fonds commun.

apologue.

On dit qu’autrefois aucun des animaux n’était vorace, tous se contentaient d’une innocente nourriture ; on voyait le fier lion, le tigre, l’ours, le loup, mêlés indistinctement avec les timides brebis, les bœufs, les cerfs et les chevaux. Un jour, se trouvant rassemblés dans une plaine fertile en pâturages : Partageons, dirent-ils, cette prairie. La mère qui allaitait trois petits demanda trois parts : celle qui n’en avait point encore, se contenta d’une. Il arriva que la première mourut, et ne laissa qu’un petit qui se mit seul en possession des trois parts par droit d’héritage ; celle qui n’avait point été féconde eut ensuite une nombreuse postérité. Ses nourrissons, devenus grands, et réduits à vivre avec leur mère, de la part qui suffisait