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Fourier et Owen. L’auteur de la Cité du Soleil ne s’explique pas à ce sujet. Morus admet dans son Utopie l’exploitation agricole par fermes isolées dans lesquelles habiteraient une quarantaine de personnes. Au reste, un fait plus concluant que toutes les opinions des utopistes, la circonscription territoriale des communes a depuis longtemps démontré qu’une certaine étendue de terrain doit être assignée à toute société dont les membres auraient entre eux des rapports journaliers. Aujourd’hui, les habitants de nos communes ne sont réellement en société que sous le rapport religieux et administratif. La communauté d’intérêts n’existe pas pour l’emploi des ressources et la direction des travaux ; mais si l’intérêt du plus grand nombre était consulté à cet égard, il serait bientôt décidé qu’il doit y avoir une demeure commune, des magasins, des greniers, des outils communs, comme on a déjà décidé qu’il y aurait une église, un cimetière, des chemins, des marchés, des puits communs. Il n’est pas même hors de propos de faire remarquer ici, que l’association volontaire d’un nombre suffisant d’individus décidés à consulter en tout l’intérêt et la volonté du plus grand nombre arriverait par cela même à des résultats plus merveilleux que tous les projets des réformistes ; et pourtant cette réunion n’aurait fait que mettre en pratique les principes les plus élémentaires du Contrat social de Rousseau.

La réunion d’un nombre suffisant d’individus dans la même localité fait que tous peuvent coopérer dans la mesure de leurs forces à la production des richesses communes, parce que « les travaux partagés entre plusieurs bras deviennent moins pénibles » (Bas., ch. II). On peut même tirer parti de l’activité curieuse des enfants qu’il est impossible d’employer utilement dans nos familles isolées. « Lorsque l’âge, est-il dit dans le chapitre 2 de la