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ont suivis d’avoir renchéri sur leurs méprises, et d’en avoir fait les fondements de leurs arts et de leurs préceptes ? Le temps et l’expérience ne devaient-ils pas instruire ces derniers des défauts des premières lois ? Ils auraient reconnu, pour peu qu’ils eussent fait attention, que toutes les fausses idées de biens et de maux, attachées à des objets chimériques, ne produisaient que de vaines craintes, de vaines espérances, qui, loin de porter les hommes à de bonnes actions, loin de les contenir dans le devoir, n’en faisaient que corrompre et affaiblir les motifs ; ils devaient remarquer que toujours l’esprit de propriété et d’intérêt, qui dispose chaque individu à immoler à son bonheur l’espèce entière, serait toujours victorieux de la terreur des châtiments les plus terribles.

Causes remarquables de la corruption des actions humaines que les
philosophes ont négligé d’observer.

Est-il possible que, depuis qu’il y a des philosophes, il semble qu’aucun d’eux n’ait voulu ni observer ni reconnaître la cause sensible et frappante de quelques-uns des principaux phénomènes moraux.

I. Les nations les plus méchantes sont les plus superstitieuses.

Premièrement, qu’on remarque que les nations les plus féroces, les plus adonnées, soit au brigandage, soit à l’intérêt du commerce, étant les plus disposées aux crimes, ont presque toujours eu les lois et les divinités les plus terribles : exemple, les Tyriens, les Sidoniens, les Carthaginois, quelques peuples de la Germanie, des Gaules, de l’Espagne, etc.