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Tout ceci prouve aussi ma quatrième proposition, que la bienfaisance perfectionne les facultés : de l’esprit par les sentiments du cœur.

Il faut observer que dans les deux précédentes hypothèses, l’homme, avant que d’avoir aucune idée de Divinité, serait bienfaisant, pour ainsi dire, par l’instinct, sans y être déterminé par aucune crainte.

Il faut remarquer, en second lieu, que l’homme n’aurait que faire ni de lois, ni de morale, parce qu’il n’aurait aucun mal à redouter de la part de ses semblables.

Troisièmement, que n’attachant jamais l’idée de Divinité qu’à des choses qu’il estimerait bonnes, quand même son ignorance le porterait à prêter cette idée à quelque objet qui n’aurait rien de divin, ce serait moins une idolâtrie, que ne le sont chez nous les idées grossières du vulgaire.

Quatrièmement, que surtout dans la seconde hypothèse, l’homme aurait autant de goût à être bienfaisant qu’à être heureux ; puisque n’étant supposé enclin à aucun défaut nuisible, il ferait de la bienfaisance une des meilleures portions de son bonheur.

Dans quel système l’idée de la Divinité pouvait se perfectionner
de plus en plus, ou se corrompre.

Plaçons l’homme dans un troisième système qui est précisément celui dans lequel il se trouve.

Je dis que cet état, comme celui de l’hypothèse précédente, doit avoir tous les avantages que les hommes peuvent retirer de la nécessité de s’entre-secourir, en supposant qu’ils fussent demeurés soumis aux lois de la simple nature : on y trouve mêmes moyens de perfectionner les