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dans ce qu’il estimerait de meilleur, tandis qu’un autre, instruit par plus d’expérience, ou doué de plus de sagacité, s’élèverait infiniment plus haut.

Ainsi dans ce système, à proportion qu’une nation perfectionnerait ses connaissances par l’épreuve et l’usage d’un plus grand nombre de choses agréables et utiles, plus elle deviendrait industrieuse et spirituelle, et plus elle s’éloignerait des idées informes et grossières que d’autres nations auraient encore de la Divinité.

Seconde hypothèse dans laquelle l’idée d’une Divinité acquiert de
nouveaux degrés de perfection.

Mettons la créature sensible aux bienfaits dans d’autres situations qui lui en fassent encore mieux sentir l’importance ; plaçons l’homme dans des positions qui lui donnent lieu d’étendre encore ses idées relatives par un plus grand nombre de comparaisons, qui lui fassent comprendre la nécessité de l’existence d’une cause bienfaisante, et combien il lui importe de l’être lui-même : considérations qui, par conséquent, étendent chez lui, avec les limites de ses conceptions, l’idée d’une Divinité autant qu’elle peut l’être.

Supposons donc l’homme dans un état de parfaite innocence, dans un état tel qu’il n’y ait que des êtres purement inanimés qui puissent nuire à son existence ou son bien-être ; de façon cependant qu’il pût s’en garantir tantôt seul, tantôt à l’aide de ses semblables, qu’il trouverait toujours disposés à le secourir, qu’il verrait s’intéresser avec lui à sa conversation et à ses plaisirs.

Je dis, premièrement, que dans cette seconde supposition, l’homme acquerra l’idée d’une Divinité bienfai-