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rement que le spectacle de l’univers ; 3o que la bienfaisance nous donne de la Divinité une idée vraiment digne de la grandeur de son objet ; 4o elle seule perfectionne généralement toutes les facultés de la raison, et les occupe de leur véritable emploi ; 5o que l’idée de la Divinité ne se corrompt dans l’homme qu’à mesure que celle de bienfaisance dépérit ; 6o je dis que l’idée grossière d’une bienfaisance n’est point une idolâtrie : on ne peut donner ce nom qu’à l’idée qui nous représente un Dieu comme également occupé à nuire et à faire du bien ; 7o que toute morale qui donne cette idée de la Divinité, et y fonde sa doctrine, est une morale absolument vicieuse.

La bienfaisance est le premier principe de l’idée d’une Divinité.

Premièrement, la seule idée de bienfaisance nous élève à celle d’une Divinité plus promptement et plus sûrement que l’aspect de l’univers : cette vue nous touche d’abord si peu, que nous en jouissons sans soupçonner qu’il ait de cause, et sans nous soucier beaucoup de nous en informer.

Il est, dans nos premiers ans, une infinité de choses plus près de nous que les ornements, que l’enceinte, que le lieu même de notre demeure ; les premiers objets qui nous affectent agréablement sont comme nos premières divinités.

Première hypothèse, où l’on explique comment l’idée de la Divinité
se forme, se développe et se perfectionne.

Or, supposons pour un instant que rien ne puisse nous nuire ou s’opposer au moindre de nos désirs ; qu’au con-