infames ? Pourquoi, après cela, reprochez-vous aux païens leurs risibles divinités ? Ne pourraient-ils pas prendre leur revanche avec avantage ?
J’ai fait voir en quoi précisément consiste et le bien et le mal moral, je passe à l’examen des causes de la corruption des actions humaines.
Principal motif de toute action humaine, et principe
de toute harmonie sociale.
Il est incontestable que le motif ou la fin de toute action humaine, est le désir d’être heureux ; il n’est pas moins certain que ce désir est l’effet d’une propriété essentielle d’un être destiné à connaître qu’il existe, et à veiller lui-même à sa propre conservation, en un mot, ce désir est un effet de notre sensibilité. Or, il faut que pour nous mettre promptement et efficacement en devoir d’obéir à ses lois, cette sensibilité nous fasse d’abord sans délibération, sans examen, rapporter tout à nous-mêmes, et imaginer que tout est fait pour nous, et que sans nous tout ce qui existe serait inutile ; elle seule peut permettre à l’homme de dire, comme l’empereur Tibère :
Me misceatur igne terra mortuo.
Mais c’est de la force, de la véhémence même de ce sentiment, que la Providence tire le principe de toute harmonie sociale. J’ai déjà fait voir que ce mouvement est à peu près dans la créature sensible qui se trouverait unique de son espèce, ce qu’est le mouvement local imprimé à un seul corps qui, disent les physiciens, abandonné à lui-même, parcourrait toujours une ligne droite. Bref, la sensibilité est en nous ce qu’est le mouvement primitif imprimé à la matière, et qui bientôt perd son uniformité pour donner naissance à la variété des plus