l’objet agréable. Comme il ignore encore que rien puisse lui nuire ; comme il se voit, au contraire, fréquemment secouru par ceux auxquels il doit le jour, ou qui l’environnent ; leurs soins, leurs caresses, leurs complaisances doivent être pour lui de continuelles leçons qui lui apprennent à aimer ; et l’amour n’est-il pas le principe de toute bienfaisance ? Oui, c’est en éprouvant qu’il y a des objets aimables, revêtus du pouvoir de nous faire du bien, que s’excitent en nous les mêmes dispositions : or, je dis qu’une expérience constante prouve que ce sont les premières épreuves que nous faisons dès notre naissance ; ainsi l’a voulu la bonté divine. Il serait donc inutile de m’objecter que, comme l’idée de bienfaisance peut précéder en nous toute disposition à nuire, il peut aussi arriver que les premiers instants de notre vie ayant été des malheurs, nos premières dispositions nous auront portés à mal faire. Je réponds que cela serait possible dans l’ordre moral l’institution humaine ; mais que l’ordre naturel qui le précède toujours, nous préserve, au moins pour quelques instants, de ces funestes dispositions, et nous en garantirait pour toujours s’il était secondé par l’art, je veux dire, par des règles, des préceptes ou des exemples qui soutinssent, et fortifiassent les premières leçons de bienfaisance. Au contraire, leurs impressions s’effacent promptement : à peine sommes-nous sortis de la première enfance, que des êtres libres qui cherchent à nous nuire, nous apprennent bientôt à les imiter.
Ce qui ôterait à l’homme toute idée de mal moral.
Il est donc sûr que la notion de ce principe moral : Fais du bien pour en recevoir, précède chez les hommes celle de cette autre maxime : Ne nuis pas, pour que rien ne te