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de semblable, nous touche et nous émeut ; ce sentiment de bonté est en nous une image de la sienne.

Je prouverai dans peu combien cette comparaison, toute utile qu’elle est dans l’état présent des sociétés, est fausse ; cependant c’est une de ces erreurs utiles, semblable à celles de nos sens, faite pour suppléer au défaut des leçons de la nature, lorsque l’homme ne les écoute plus ; erreur dont il n’avait que faire, s’il fût demeuré soumis aux lois primitives.

Je dis que l’homme n’avait pas besoin d’imaginer que la Divinité s’offense de ses désordres, s’il ne fût point sorti de ce que lui prescrivaient les sentiments naturels, puisque sous leur heureux empire, cette créature, comme nous l’avons fait voir dans tout ce qui précède, ne peut être nuisible ; tout dans cet état lui met en évidence et lui fait vivement sentir la nécessité d’être bienfaisante.

Analogie entre l’ordre physique et le moral.

Dieu, à l’égard des actions des hommes, comme dans l’ordre physique du monde, a établi une loi générale, un principe infaillible de tout mouvement ; et toutes choses une fois disposées selon un plan aussi admirable par sa simplicité que par l’étendue et la fécondité de ses conséquences, tout marche, tout va avec un concert merveilleux ; il semble que la toute-puissance ait livré les causes secondes et les effets particuliers à eux-mêmes, ou, si vous voulez, il en conserve le cours et l’enchaînement. Les sciences ont conduit les hommes assez près du premier ressort de ce mécanisme, pour le leur laisser entrevoir.

Dieu, qui est toujours semblable à lui-même, a aussi établi dans l’ordre moral un principe infaillible d’innocence pour les créatures qu’il voulait douer d’une faculté