saisit que quelque fragment, qu’elle croit imparfait, ne pouvant voir que lui seul : une autre partie de ces accidents sont moins des maux physiques par rapport à nous, que des avis pressants, ou de nous délivrer, ou de nous garantir de ce qui peut nous nuire. Nous devons encore moins considérer toutes ces choses comme les effets d’une volonté suprême, déterminée à nous nuire, que comme des bienfaits de sa part ; et quand nous serions périssables comme les êtres inanimés, nous ne pourrions nous plaindre d’une cause aveugle qui nous plongerait, par degrés, dans l’indifférence du néant ; à plus forte raison, ne pouvons-nous accuser une cause bienfaisante et sage qui ne peut et ne veut nous laisser subir quelques accidents passagers, que parce qu’il est entré dans son plan, que tout être muable doué de raison, éprouverait par degrés ses bontés, et en sentirait tout le prix.
Le mal moral ne touche que la créature.
Concluons de tout ceci, qu’il n’existe dans l’univers d’autre mal que le moral, qui ne peut avoir pour cause que la créature raisonnable, et ne peut attaquer et offenser qu’elle. Il est dans la cause, comme nous l’avons dit, une détermination libre à nuire, c’est la méchanceté, et dans le sujet qui l’éprouve, c’est offense, lésion. Or, il serait absurde de dire que la Divinité fût exposée à de si fâcheux rapports ; il vaudrait autant la supposer, comme nous, changeante et périssable.
Non, dit-on, le mal moral n’attaque point la Divinité : comme il offense les hommes ; c’est-à-dire, qu’il ne peut l’affliger, ni troubler son repos immuable ; mais il peut lui déplaire, à peu près comme le mal que nous voyons faire à quelqu’un, sans que nous ayons rien à redouter