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particulier, contraint de vous conformer à nos institutions.

« Nous vous jugeons capable de nous gouverner, nous nous abandonnons avec confiance aux directions de vos prudents conseils : c’est un premier hommage que nous rendons à la supériorité des talents dont la nature vous a doué. Si vous êtes fidèle à vos devoirs, nous vous chérirons comme un présent du ciel, nous vous respecterons comme un père : voilà votre récompense, votre gloire, votre grandeur. Quel bonheur de pouvoir mériter que tant de milliers de mortels, vos égaux, s’intéressent à votre existence, à votre conservation !

« Dieu est un Être souverainement bienfaisant ; il nous a fait sociables, maintenez-nous ce que nous sommes : ainsi qu’il est le moteur de la nature entière, où il entretient un ordre admirable, soyez le moteur de notre corps politique ; en cette qualité vous semblerez imiter l’Être suprême. Du reste, souvenez-vous qu’à l’égard de ce qui vous touche personnellement, vous n’avez d’autres droits incontestables, d’autre pouvoir que ceux qui lient le commun des citoyens, parce que vous n’avez pas d’autres besoins ; vous n’éprouvez pas d’autres plaisirs ; vous n’avez, en un mot, rien de plus excellent, ni qui puisse vous donner la préférence sur le commun des hommes. Si nous trouvons notre utilité à vous proroger le commandement ; si nous jugeons que quelqu’un des vôtres en soit capable après vous, nous pourrons agir en conséquence, par un choix libre et indépendant, de toute prétention. »

Je demande quelle capitulation, quel titre, quel droit d’antique possession peut prescrire contre la vérité de cette chartre[1] divine, peut en affranchir les souverains ? Que dis-je ? les priver d’un privilège qui les revêt du pouvoir

  1. Titre ou édit perpétuel et irrévocable.