Page:Etienne-Gabriel Morelly - Code De La Nature.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour toujours fixé le sort heureux d’une nation ; il n’y aura plus qu’une seule constitution, qu’un seul mécanisme de gouvernement sous différents noms.

Quand un peuple consentira unanimement à n’obéir qu’aux lois de la nature, telles que nous les avons développées, et se comportera en conséquence, sous la direction de ses pères de famille, ce sera une démocratie.

Si, pour que ces lois sacrées soient plus religieusement observées et s’exécutent avec plus d’ordre et de promptitude, le peuple en dépose l’autorité entre les mains d’un nombre de sages, qui soient, pour ainsi dire, comme chargés de donner le signal des opérations que ces lois, indiquent et ordonnent, alors le gouvernement sera aristocratique.

Si, pour encore plus de précision, de justesse et de régularité dans les mouvements du corps politique, un seul en touche les ressorts. l’État devient une monarchie, qui jamais ne dégénérera si la propriété ne s’y introduit point : cet accident peut tout perdre ; mais dans notre hypothèse, mille moyens de le prévenir.

Sous quel prétexte la politique sacrifie l’intérêt de la multitude à celui d’un seul.

Pour montrer à quel point la destruction des lois de la nature a fait renverser les idées, soit morales, soit politiques, j’observe que l’on considère un État comme un instrument dont les souverains montent et touchent les cordes, pour en tirer le son qu’il leur plaît ; ces cordes sont la multitude, qui dit-on, est aveugle, et ne sait ordinairement ce qu’elle veut ; qui se porte brutalement à ce qui lui nuit comme à ce qui lui semble utile, et ne pourrait, par conséquent, jamais former une société, si