Page:Etat present des bonnes oeuvres & Ecoles charitables de la Paroisse de Saint Sulpice, du premier Decembre 1699.pdf/4

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

7°. La Maison de Sainte Valere qui sert comme d’un second refuge aux Pauvres Filles, qui volontairement se retirent du desordre.

8°. On avoit retiré chez les Freres des Ecoles charitables, un nombre considérable de Pauvres Garçons Irlandois, & chez les Filles de S. Thomas beaucoup de Pauvres Filles Irlandoises, les uns & les autres chassés de leur païs pour la Foi, & qu’on a depuis quatorze mois entretenu generalement de toutes choses. On les a depuis peu transferés ailleurs, on leur continuë la Charité.

9°. Trois Maisons de pauvres Clercs étudians, & ne subsistant en partie que de Charités.

10°. On reçoit aussi pour quelque jours les Pauvres Filles qui ne sçavent se retirer, dans une maison gouvernée par Madame Rafi, & il y en a toûjours plusieurs.

11°. Deux Maisons, dans l’une desquelles divers Messieurs, & dans l’autre des Dames de pieté pansent tous les jours de leurs mains les Pauvres blessés & affligés de grandes maladies, qui ne peuvent être reçûs dans les Hôpitaux, & leur fournissent gratuitement les remedes & alimens nécessaires dans leurs infirmités, ce qui sans doute est une œuvre digne de la pieté & de la commisération Chrêtienne. Ces Pauvres sont plus de soixante.

12°. On voit dans la Paroisse une Communauté celebre, où plusieurs hommes de qualité, la plûpart même Officiers d’armée, se sont retirés, & y vivent en véritables Gentilshommes Chrêtiens : il y en a une seconde qui sert comme de supplement à celle-là.

13°. Une fois chaque mois on fait une Assemblée pour Messieurs les Gens d’épée, à qui on dit la Messe, suivie d’une Exhortation, ils y assistent d’une maniere fort exemplaire, & on leur fait faire aussi chaque année une retraite de huit jours, avec deux Exhortations par jour, & autres exercices spirituels, ils ne sont souvent gueres moins de trois à quatre cens ; la plus part Mousquetaire ; & outre cela, depuis le premier Dimanche de l’Avent, jusqu’à Pâques, tous les Dimanches sur les quatre heures du soir, on leur fait une conference spirituelle mêlée de choses utiles à leur Profession, dans l’appartement de Mr Morin, un de Messieurs les Prêtres de la Communauté, qui prend soin de tout cela ; on n’obmettra point le soin de leurs Valets.

Tels sont les emplois de l’Aumône du Roy, & de Messieurs & Dames de la Paroisse de Saint Sulpice, pour qui les Pauvres prient.

Or quoiqu’on ne demande rien à personne, on voit assez néanmoins que tant d’Ecoles charitables, & de bonnes œuvres si utiles au Public, qui ne subsistent presque toutes que d’aumônes, doivent être de grande dépense, & qu’il y a une extrême charité d’aider la Paroisse à la supporter, & d’y contribuer pendant sa vie, ou du moins de s’en souvenir quand on fait son Testament ; étant certain qu’on a à present sur les bras plusieurs milliers de Pauvres, qui par la cherté du pain, augmentent plûtost qu’ils ne diminuent, & qu’aucun d’eux, veritablement reconnu pour tel, ne demeure sans secours.

On avertit que des personnes travesties, soit en Ecclesiastiques & Religieux, soit en Dames, ou Sœurs de la Charité, osent aller de tems en tems, dans les Maisons de la Paroisse, faire diverses Quêtes au nom de Monsieur le Curé, dont il contrefont le Certificat & la signature : mais il déclare qu’à l’exception de la seule Quête qu’on fait en Carême pour les Prédicateurs de toute l’Année, laquelle il a trouvé établie ainsi que dans les autres Paroisses, il ne fatiguera jamais personne sous quelque prétexte que ce soit, d’aucune Quête, & ne demandera jamais, ni au général, ni au particulier de Messieurs & Mesdames de sa Paroisse, que l’occasion de les servir. Si bien que si-tôt qu’on demande quelque chose, on peut s’assurer que ce n’est pas lui.


A PARIS, De l’Imprimerie d’Antoine Chrétien, Imprimeur-Juré-Libraire de
l’Université, ruë de la Huchette, à la Bastille.