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L’ESPADON SATYRIQUE

La chair on luy découpe à barbe d’escrevisse,
Et n’y a chien, ne chat, par un fier marmiton,
Pour avoir dérobé mieux frotté du baston.

Mais d’autant qu’elle sçait que ceste peau de fesse
Recroit sept fois le jour à la tendre jeunesse,
Et que, leur appliquant ses ventouses, la peau
S’en fait plus délicate, aussi le teint plus beau :
Meslant le vermillon avecques la ceruse,
Sçavez-vous point que fait ceste horrible Méduse ?
Elle les fait raser comme du velours ras.
Ou comme sur le port vous voyez les forsas.
Faisant si bien la barbe à leurs sourcils d’ebeine,
Que leur face, jadis belle et veneriene.
Ne feroit harasser le g-rand diable d’enfer !
Les pauvrettes ont beau par attraits s’attifer.
Ce n’est qu’une guenon, ce n’est plus qu’un vieil singe,
Un haras à Marmot embeguiné d’un linge !

Cela n’est point mauvais, mais l’argent est meilleur,
Et si le gorgias ne dcmentoit le cœur.
Je priserois par tout si bonne conscience.
Si elle n’avoil pas du maudit con science !
Prier toujours son Dieu, avoir, par pieté.
Aux yeux d’un Crucifix tousjours l’œil arresté ;
Il est bon de porter la haire et le cilice,
Pourveu que sous tel fard l’on ne cache son vice ;
Sa carcasse matter, discipliner sa chair, (12)

(12) Cf. Macete, v. 35 : La voyant aymer Dieu, et sa chair maistriser,