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ble que leur esprit n’est en repos que lors qu’ils se trouvent sur le champ de bataille. De même, ceux qui ont consumé une grande partie de leur existence dans les débats religieux, et pour qui la controverse est un aliment quotidien, ne seraient pas à leur aise si, pour une fois, ils abandonnaient le terrain agressif. Il y a un certain avantage et quelque honneur à « se tenir », comme ils disent, « à la brèche. » C’est une bonne chose qu’une « sainte colère », néanmoins il ne faut pas en conclure que nous devions nous mettre en colère en toute occasion, ni que nous devions laisser notre esprit en fermentation jusqu’au coucher du soleil. Moïse n’avait pas raison de se fâcher, ni de frapper à coups redoublés ce roc qu’il savait être, du reste, assez sensible, si l’on considère qu’aucun ordre ne lui était venu d’en haut pour cela.[1] Il faut convenir que le chemin du sanctuaire a été bien négligé, tellement que l’on a vu bourgeonner de toutes parts des « racines d’amertume » qui auraient dû être foulées aux pieds et étouffées. Hélas ! oui, on a vu croître dans le jardin de Dieu, avec une rapidité étonnante, les ronces et les épines qui n’ont d’autre effet que celui de vous piquer et de vous déchirer pour peu que l’on se frotte avec les hommes de parti. Que faire donc quand l’erreur a été découverte ? S’humilier avant tout, prier beaucoup en particulier et en public, et plus que cela : il aurait fallu exhorter, avertir, solliciter l’homme égaré

  1. Nomb. xx 8–12.