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sans danger, et nous n’accepterions pas volontiers toutes les raisons que ces amis ont avancées pour justifier leur conduite en cette circonstance. Avouons le sans détour, il y a eu de leur part des hésitations, des ajournements regrétables. Mais peut-être qu'à leur place nous eussions été moins sage qu’eux, et si aujourdhui nous sommes mieux avisés, ce n’est qu’autant que nous avons su profiter de leur expérience.

Ils ne voulaient pas imposer leurs convictions à M. Alex., d’un autre côté, ils ne désiraient pas que lui et deux ou trois de ses amis leur imposassent les leurs. Ils avaient pour habitude de marcher, non selon les lumières d’autrui, mais d’après celles qu’ils avaient reçues sur cette matière comme sur tout autre sujet. Ils pouvaient craindre aussi, à tort ou à raison, qu’un esprit de secte, un esprit agitateur, la passion, en un mot, ne vînt jeter le trouble parmi des âmes simples qui avaient besoin d’un tout autre aliment que celui de la dispute, et des âmes qui, pour le dire avec M. Trotter, étaient dans une heureuse ignorance des querelles de Plymouth et de toutes les extravagances de M. Newton. Ce qu’ils savaient de la vérité ils ne l’avaient point appris à l’école de M. Darby, et ils ne pouvaient accueillir ses arrogantes déclamations qu’avec un sentiment profond de tristesse, ou même d’indignation. D’ailleurs, M. Darby n’étant pas sur les lieux ne pouvait juger de la conduite de Bethesda que sur le rapport qui lui en était fait par