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et pour ainsi dire imperceptiblement. Du reste, c’est l’histoire de toutes les sectes qui, ayant commencé par l’Esprit ont fini par la chair. On s’applaudit du grand nombre, on vante ses lumières comme si ces choses devaient nous ouvrir la porte des cieux, et nous préserver des écarts auxquels nous sommes naturellement susceptibles de nous laisser entraîner. Si, dans la prospérité, on néglige de veiller, si l’on oublie que le cœur est la source de tout mal, on tombe infailliblement dans une illusion funeste qui nous fait commettre toute espèce de prévarication.

Non, avec le grand nombre l’on n’est pas plus puissant, ni moins exposé à la tentation. C’est quand les hommes eurent commencé à se multiplier sur la terre que les fils de Dieu se dépouillèrent de leur vrai caractère de Nazaréen en contractant alliance avec les filles des hommes. Dès lors Dieu dit : « Mon esprit ne plaidera point à toujours avec les hommes, car aussi ils ne sont que chair. » (Genè. vi.) C’est quand les disciples se furent multipliés qu’il commença à s’élever des murmures et des disputes parmi eux. (Act. vi.) Dans le premier cas, ce fut le sensualisme qui provoqua le déplaisir de l’Éternel ; dans le second, ce furent des préférences égoïstes qui amenèrent des désordres affligeants, comme plus tard parmi les Corinthiens ce fut l’esprit de parti qui leur attira les justes reproches du St. Esprit. À Plymouth il y eut sans doute un peu de l’un et de l’autre. Il y eut du relâchement dans les mœurs et du relâche-