sorte, dont le poète a déploré là disparition et dont il a célébré la grandeur en des vers qui rappellent de très près la prose de Louis Ménard que je citais tout à l’heure :
Écoute au bord des mers, au sommet des collines,
Sonner les rythmes d’or sur les lèvres divines,
Et le marbre éloquent, dans les blancs Parthénons,
Des artistes pieux éterniser les noms.
Regarde, sous l’azur qu’un seul siècle illumine,
Des îles d’Ionie aux flots de Salamine,
L’amour de la patrie et de la liberté
Triompher sur l’autel de la sainte Beauté
Dans l’austère repos des foyers domestiques
Les grands législateurs régler les Républiques,
Et les sages, du vrai frayant l’âpre chemin,
De sa propre grandeur saisir l’Esprit humain !
Tu peux nier nos Dieux, ou leur jeter l’outrage.
Mais de leur livre écrit déchirer cette page,
Coucher notre soleil parmi les astres morts.
Va, la tâche est sans terme et rit de tes efforts.
Non, ô Dieux protecteurs, ô Dieux d’Hellas, ma mère,
Que sur le pavé d’or chantait le vieil Homère,
Vous qui vivez toujours, mais qui vous êtes tus,
Je ne vous maudis pas, ô Forces et Vertus
Qui suffisiez jadis aux races magnanimes,
Et je vous reconnais à vos œuvres sublimes !
Ainsi répond à l’évêque Cyrille, qui la somme de renoncer
à ses dieux morts et à leur culte impur, et de confesser « l’unique
et sainte vérité », Hypatie, la belle philosophe, la vierge savante,
dont les chrétiens, en la lapidant, feront une martyre.
Le paganisme ainsi conçu prétend rivaliser avec la morale chrétienne. Les deux conceptions présentent de profondes différences que dans le Chant Alterné — l’Églogue Harmonienne de 1846, — Leconte de Lisle a fait admirablement ressortir. Deux voix, auxquelles, dans la première rédaction du poème, il avait donné les noms significatifs de Pulchra et de Casta, célèbrent en stances qui se répondent le caractère dominant de l’ancien culte et du nouveau. Je citerai seulement les dernières, dans la version originale