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ET LES DIEUX

l’unit à l’Essence première, et le perd dans la béatitude du Nirvâna.

Les religions de l’Inde sont des religions de la nature, mais d’une nature exubérante, qui accable l’homme de sa fécondité et de sa grandeur leurs symboles ont quelque chose de démesuré et de monstrueux. Les dieux de la Grèce sont aussi des personnifications de la nature, mais d’une nature tempérée, bienveillante, plus à la mesure de l’être humain. Leconte de Liste a vu, comme l’enseignait la mythologie de son temps, en eux et en leurs aventures, la figuration des phénomènes cosmiques. Il a célébré Le Réveil d’Hélios comme il avait chanté la gloire de Sûrya. Il a conté l’histoire d’Héraklès solaire, et salué, comme jadis les femmes de Byblos. Le Retour d’Adônis. Mais, moins encore que par leur puissance, c’est par leurs proportions parfaites et par leur noble beauté que ces dieux plus voisins de l’homme l’ont touché. En même temps qu’ils incarnent les forces de la nature universelle, ils symbolisent aussi les instincts profonds de notre nature humaine. Les uns suscitent à leur gré ces passions redoutables qui troublent les cœurs et bouleversent le monde. Les autres protègent et dispensent les vertus qui font les sages et les héros. Il y a lutte entre ces êtres divins. Le poème d’Hélène, que l’on peut, du reste, interpréter diversement, est un épisode de cette lutte, et l’intérêt véritable n’en consiste point dans la trahison infligés à Ménélas, ni dans la chute de la Laconienne aux bras du Phrygien, mais dans l’antagonisme qui met aux prises d’un côté Éros, dompteur du ciel et dominateur du monde, Aphrodite, dispensatrice des voluptés dégradantes ; de l’autre, Zeus, protecteur de l’hospitalité, Pallas-Athéné, déesse de la sagesse, et la chaste Artémis.

Leconte de Lisle n’a pas dissimulé les côtés voluptueux et sensuels du paganisme hellénique. Mais il a pris plaisir à en faire ressortir aussi les cotés nobles et intellectuels. Tandis que les superstitions grossières demeuraient abandonnées à la foule, des âmes élevées accueillaient avec sympathie une interprétation des mythes qui s’accordait avec l’idéalisme d’un Platon, ou le mysticisme de l’école d’Alexandrie. C’est ce paganisme épuré, en quelque