Indépendante et de plusieurs autres recueils périodiques e à une chaire d’histoire au Collège national de l’île de la Réunion. Un an plus tard, il proposait à Ménard de partir avec lui pour son pays. « Nous nous bâtirons une case dans les bois, et nous fumerons le calumet de paix à l’ombre des nates et des tamariniers. Nous serons heureux et nous aurons beaucoup d’enfants ; notre vie sera douce et tranquille, notre vieillesse sera honorée. L’ironie de cette boutade déguise mal le découragement. Dans l’intervalle, Leconte de Lisle a essayé sans succès de faire du journalisme. Il n’a pas pu rester à La Réforme, le journal de Lamennais, où on l’a trouvé trop anticlérical il n’a même pas voulu entrer à La Cité du peuple, sachant d’avance qu’on ne l’y garderait pas deux jours. Il loge chez les amis qui veulent bien lui offrir un asile. Il en est réduit pour subsister, à donner des leçons de grec et de latin. Il cherche des travaux de librairie. Il place chez le libraire Ducloux une traduction de l’Iliade. Par un nouveau coup de la guigne qui décidément s’attache à lui, son manuscrit est égaré par l’éditeur. En guise de compensation, Ducloux s’offre à lui imprimer un volume de vers, ce volume de vers que tout jeune poète rêve de publier, auquel celui-ci songe depuis 1840. Et c’est ainsi que paraissent les Poèmes Antiques, vers la fin de novembre 1852.
Cette date clôt la période des débuts littéraires de Leconte de Lisle. L’histoire de sa vie devient désormais, avant tout, l’histoire de ses œuvres. Et cette histoire est fort simple : en 1852, les Poèmes Antiques ; en 1855, les Poèmes et Poésies ; en 1862, les Poésies Barbares ; les trois volumes réduits à deux dans les éditions nouvelles de 1872 et de 1874, par la répartition entre les Poèmes Antiques et les Poèmes Barbares du contenu des Poèmes et Poésies ; en 1884, les Poèmes Tragiques ; en 1895, l’année qui suit la mort du poète, les Derniers Poèmes. Quitte à revenir plus tard, et selon que l’occasion s’en présentera, à la biographie de Leconte de Lisle, le moment paraît venu de faire passer sa poésie au premier plan, et d’étudier les grands aspects de sa pensée et de son art.