naient-elles son souvenir vers les montagnes de Bourbon : « Oh ! s’écriait-il, »
Oh ! j’ai pu vous quitter, Reines orientales
Qui couronnez vos fronts de clartés aurorales…
Oh ! j’ai pu vous quitter !… Je vous aimais pourtant
J’ai fui vos pieds d’encens pour le pâle occident,
J’ai préféré la tombe aux clartés de l’aurore !
Filles du Ciel natal, vous reverrai-je encore ?
Rimait-il une odelette à une galère, ce joli coquillage des mers du sud, si commun dans les parages de Bourbon, qui ressemble, quand il vogue à la surface des flots, à une carène minuscule surmontée d’une voile de gaze, il la chargeait en pensée d’un message pour sa patrie :
Ah ! perle de l’onde azurée.
Si vers l’aurore diaprée
Tu touches la rive sacrée,
Hélas que j’ai fui (sic) sans retour,
Ô ma précieuse nacelle,
Mon cœur te conduira vers elle,
Car tu lui portes mon amour.
À Rouffet, qui lui avait dédié quelque pièce de vers où il lu parlait des siens, il répondait « Vos vers sont touchants, mon ami. Ils ont reporté ma pensée vers l’île éloignée où j’ai vu ma mère, et je vous sais gré des larmes dont ils ont rempli mes yeux… » Et, à son tour, il épanchait en vers, dans le sein de son ami, son âme oppressée :
Vous m’avez bien compris : mon ciel étincelant,
Mes beaux arbres, les flots de mes grèves natales
Ont laissé dans mon cœur teur souvenir brûlant…
Oui, j’éprouve loin d’eux des tristesses fatales…
Ô mon île, mon doux et mon premier berceau,
Mère que j’ai quittée ainsi qu’un fils rebelle,
J’irai sous tes palmiers me choisir un tombeau…
La France est douce aussi, mais la France est moins belle.
Mangoustans, frais letchis dont j’aimais le parfum !
Oh ! mes jeux tout enfant, à l’ombre des jam-roses !
Mon Orient vermeil, qui brûlais mon front brun !
Aube qui me frôlais de tes lèvres de roses !