les nobles émotions que les arts sortis du Christianisme peuvent communiquer aux historiens, aux moralistes naissants, trouveraient un lieu qui les réunît, un foyer domestique… », et cela en Bretagne, « dans cette terre chrétienne et catholique, où s’était levé l’astre de Chateaubriand ». On voit sous quel patronage se mettait la revue naissante. L’illustre écrivain agréa l’hommage et répondit par des vœux de bon succès.
Sous réserve de ces tendances morales et religieuses qui semblent avoir été celles du professeur de rhétorique au Collège royal plus encore que des étudiants qu’il patronnait, La Variété, comme le voulait son titre, professait le plus large éclectisme. Elle faisait appel aux jeunes talents, « à tous ceux qui se sentent tourmentés par ces voix intérieures qui révèlent à l’âme les mystères de la poésie, entraînés par l’espoir de faire quelque chose de bien. Pour assurer la bonne tenue littéraire du recueil, le comité de rédaction prévenait, par une note sur la couverture, qu’il n’admettrait les articles « qu’après un examen scrupuleux ». À en juger par la critique qu’ils font, non seulement des productions de leurs pairs, mais des œuvres des littérateurs en vogue, ces jeunes semblent avoir étéassez exigeants. Les Rayons et les Ombres, qui paraissent justement en 1840, sont jugés par eux « au-dessus de tout éloge ». Mais l’admiration qu’ils professent pour Balzac et George Sand ne les empêche pas de reconnaître que le style de l’un est diffus, et que telle pièce de l’autre — c’est de Cosima qu’il s’agit — « n’a pas réussi au Théâtre. Français et ne méritait pas de réussir ». Ils goûtent peu « les lions littéraires » du genre de Théophile Gautier, les écrivains « qui font de l’art pour l’art », et ils raillent avec esprit Alexandre Dumas qui, au lieu de composer des œuvres nouvelles, passe son temps à copier ses manuscrits et à les expédier à tous les souverains de l’Europe, lesquels, en retour, le couvrent de décorations. Et eux, qui se montrent si difficiles, font-ils œuvre qui vaille ? Bénézit, qui est musicien, donne un Essai très étudié sur la Romance ; Julien Rouffet, des vers pleins de sentiments ingénus et de grêces faciles Mille, les Mémoires d’une puce de qualité, qui de la Cour de Versailles a passé à celle de Vienne, pour revenir aux Tuileries avec