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LES DERNIÈRES ANNÉES

d’attraction demeura toujours le salon de Leconte de Lisle, transporté, après 1872, du boulevard des Invalides au boulevard Saint-Michel. Dans ce salon non seulement passèrent tous les disciples du maître, des générations entières de jeunes poètes, mais on peut dire que tous les écrivains, ou presque tous, qui, à la fin du dernier siècle et dans les premières années de celui-ci, se sont fait un nom dans la littérature française, y étaient venus chercher l’initiation artistique ou la consécration de leur talent.

À cette époque — vers 1880 — le Parnasse, le succès aidant, avait cessé depuis longtemps d’être un groupe. Il n’avait jamais été une école, si nous en croyons du moins le plus complet, jusqu’à présent, de ses historiens. Une école suppose des idées arrêtées, des principes communs, une doctrine positive ou négative, quelque chose qu’on veut détruire ou quelque chose qu’on veut instituer. Les Parnassiens n’étaient ni des iconoclastes, ni des révolutionnaires, ni même, de propos délibéré, des novateurs. Ils se seraient proclamés plutôt des continuateurs et des épigones. Ils se donnaient comme des « néo-romantiques », descendant de Victor Hugo, « le père à tous », par l’intermédiaire des quatre poètes que Sainte-Beuve, en 1865, signalait comme les conducteurs de la génération actuelle. À chacun de ces quatre « chefs de file » ils prirent quelque chose. Baudelaire est celui qui exerça sur eux l’influence la moins apparente. Il leur transmit le mal romantique dont il a été une des plus illustres victimes, le goût des impressions étranges, des sensations fortes et des états d’âme morbides, que son œuvre propagea avec quel succès, on le sait, dans la littérature du siècle à son déclin. Mais, en 1865, son heure n’était pas encore tout à fait venue. L’auteur des Cariatides, des Stalactites, des Odes Funambulesques, du Petit traité de poésie francaise leur suggéra les thèmes d’un lyrisme superficiel, brillant et factice il fut leur maître de prosodie ; il leur enseigna à assouplir leurs vers, à enrichir leurs rimes, à franchir en se jouant tous les obstacles que la syntaxe et la métrique opposent à l’inspiration poétique, à s’en créer au besoin de nouveaux pour les surmonter. De Théophile Gautier, du Gautier des Émaux et Camées, « le poète impeccable et parfait magicien ès lettres françaises », ils retinrent l’impassibilité que