Trempé dans le soleil ou plus proche des cieux,
Le pinceau rayonnant et la lyre immortelle ?
Abeille ! qui n’a bu ton miel délicieux ?
Reine ! qui n’a couvert tes pieds d’artiste et d’ange,
Dans un transport sacré, de ses baisers pieux[1] ?
Cette patrie de la poésie et des arts, elle était maintenant en proie aux barbares ; mais le poète l’exhortait à se redresser et à s’affranchir :
Debout ! debout ! agis, sois vivante, sois libre !
Lève-toi, lève-toi, magnanime Italie !
et il espérait, et il prévoyait que, le jour où elle s’armerait pour
le combat, la France viendrait à son secours, les deux ailes ouvertes,
Par la route de l’aigle et de la liberté[2].
Douze ans plus tard, il vibrait encore pour les mêmes causes, mais d’émotions bien différentes. Au lieu de l’allégresse et de l’enthousiasme, c’est la douleur et la rage qu’il avait au cœur. Dès les grands revers de la funeste campagne de 1870, exactement dès la fin du mois d’août, il avait envisagé les pires catastrophes. Leur horreur n’avait pas abattu son courage. Avec son tour d’esprit absolu et son tempérament violent, il allait du premier mouvement aux résolutions extrêmes. Dès les premiers jours de septembre, enfermé dans Paris en attendant le siège, il concevait tout un plan de résistance désespérée, pour « donner au pays le temps d’arriver » « recevoir l’ennemi dans la ville même, occuper toutes les grandes voies… par de formidables barricades, et faire payer aux Prussiens leur victoire probable par un tel massacre qu’ils n’entrent ici que sur nos cadavres à tous. » Voilà ce qu’il eût fait, s’il eût été « dictateur de Paris ». Mais il n’était pas « dictateur », il n’était que simple garde national, faisant, malgré ses