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LES IDÉES LITTÉRAIRES

Ce faisant, ils ne se sépareront pas, comme on serait porté à le croire, de la pensée de leur époque ; ils seront, au contraire, en pleine communion avec elle. La science du xixe siècle se montre par-dessus tout préoccupée du problème des origines. « Les idées et les faits, la vie intime et la vie extérieure, tout ce qui constitue la raison d’être, de croire, de penser, d’agir des races anciennes, appelle l’attention générale. Le génie et la tâche de ce siècle sont de retrouver et de réunir les titres de famille de l’intelligence humaine ». Et, en retournant vers le passé, les poètes reviendront aux sources mêmes de l’art et de la poésie, car « depuis Homère, Eschyle et Sophocle, la décadence et la barbarie ont envahi l’esprit humain ». À ces sources « éternellement pures » ils retremperont « l’expression usée et affaiblie des sentiments généraux », ils retrouveront le secret des formes nettes et précises ils rendront à la pensée et à l’art « la sève et la vigueur, l’harmonie et l’unité perdues » ; ils prépareront l’avenir. Plus tard, dans quelques siècles, « peut-être la poésie redeviendra-t-elle le verbe inspiré et immédiat de l’âme humaine. En attendant l’heure de la renaissance, il ne lui reste qu’à se recueillir et à s’étudier dans son passé glorieux ».

Il était impossible, je crois, de mettre plus clairement au jour la liaison étroite par laquelle la poésie de Leconte de Lisle se rattachait au mouvement intellectuel contemporain, en particulier la dépendance où elle se trouvait par rapport à ces sciences du passé, histoire, archéologie, mythologie, ethnographie, philologie, qui furent la création et l’orgueil du xixe siècle. Le fait aujourd’hui nous crève les yeux ; en 1852, peu de gens s’en aperçurent. On ne manqua pas de faire au poète les objections qu’il avait prévues et que d’avance il s’était efforcé de réfuter. On l’accusa, en haine de son temps, de « repeupler de fantômes les nécropoles du passé », et « dans son amour exclusif de la poésie grecque » de « nier tout l’art postérieur ». C’est à ce double reproche que, dans la préface des Poèmes et Poésies, il répondit longuement.

Le premier lui parut « on ne peut plus motivé » ; il le reconnut « par l’aveu le plus explicite ». Il ne contesta pas qu’il haïssait