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LA NATURE

défaut de consolations positives, tout au moins pouvons-nous attendre de la Nature qu’elle nous affranchisse de notre individualité misérable, et qu’elle nous fasse goûter par avance l’inaltérable paix qui est réservée aux hommes comme aux dieux.


Homme, si le cœur plein de joie ou d’amertume,
Tu passais vers midi dans les champs radieux,
Fuis ta nature est vide et le soleil consume,
Rien n’est vivant ici, rien n’est triste ou joyeux.

Mais si, désabusé des larmes et du rire,
Altéré de l’oubli de ce monde agité,
Tu veux, ne sachant plus pardonner ou maudire,
Goûter une suprême et morne volupté ;

Viens ! le soleil te parle en paroles sublimes.
Dans sa flamme implacable absorbe-toi sans fin,
Et retourne à pas lents vers les cités infimes,
Le cœur trempé sept fois dans le néant divin[1].


On le voit, la conception que Leconte de Lisle se fait de la nature correspond exactement à celle qu’il se fait des dieux et à celle qu’il se fait de l’humanité. Ce sont trois aspects d’une même pensée, trois traits qui, s’ajoutant et s’ajustant l’un à l’autre, déterminent dans ses grandes lignes la philosophie que nous pouvons maintenant dégager de son œuvre.

  1. Poèmes Antiques : Midi.