tumulte du vent et des flots déchaînés autour de l’île où sont assemblés les derniers descendants de la race des Purs :
L’Esprit rauque du vent, au faîte noir des rocs,
Tournoyait et soufflait dans ses cornes d’aurochs
Et c’était un fracas si vaste et si sauvage,
Que la mer s’en taisait tout le long du rivage…
L’Esprit du vent soufflait dans ses clairons de fer,
En aspergeant le ciel des baves de la mer…
Et la lourde nuée en montagne de brume
Croula vers l’Occident qu’un morne éclair allume.
La mer, lasse d’efforts, comme pour s’assoupir,
Changea sa clameur rude en un vaste soupir…
Ailleurs, Leconte de Lisle a évoqué en quelques traits rapides des paysages qui, à une autre époque de sa vie, s’étaient gravés dans sa mémoire. Ici, c’est un grand parc royal, Saint-Cloud ou Versailles, détachant les masses noires de ses ormes centenaires sur un ciel d’automne ensanglanté par le soleil couchant :
La feuilleen tourbillons s’envole par les nues,
Et l’on voit osciller dans un fleuve vermeil,
Aux approches du soir inclinés au sommeil,
De grands nids teints de pourpre au bout des branches nues[1].
Là, ce sont les taillis de Meudon et de Montmorency, où, le long des sentiers moussus, de belles promeneuses cueillent les violettes et défleurissent les églantiers ; où, les soirs d’été, des amoureux, « les doigts rougis du sang des mûres », se penchent sur un étang solitaire pour voir se refléter dans l’eau noire
Le trésor ruisselant des perles de la nuit[2].
La matinée de printemps que nous décrit la pièce intitulée Juin, avec son « frais soleil » et son « odeur d’herbe verte et mouillée », a bien le charme d’un matin de France, et les « bœufs blancs » que Midi nous montre
Bavant avec lenteur sur leurs fanons épais,