Par un coup de poignard à la fois reine et veuve,
elle pourra s’asseoir aux côtés de Djihan-Guir sur le trône mongol[1].
Le vieux nabab d’Arkate, Mohhammed, est le mari très amoureux
d’une trop jeune femme. « Défie-toi », lui souffle le fakir accroupi
à ses pieds :
Nabab ! ta barbe est grise et ta prudence est jeune…
Pourquoi réchauffes-tu le reptile en ton sein ?
Et Mohhammed regarde « le front ceint de grâce et de noblesse, »
l’œil jeune et pur, la bouche trop belle pour mentir, et il ne comprend qu’une chose, c’est qu’il aime, qu’il aime comme s’il avait
vingt ans. La nuit vient au fond du palais sombre, Mohhammed
repose il gît immobile, roide, la gorge ouverte, au milieu d’une
mare de sang[2].
— Le roi Ambarisha offre aux dieux une victime
humaine. Au moment où le sacrifice va s’accomplir, la victime
disparaît, dérobée par Indra. Il faut de toute nécessité ou la
retrouver, ou lui en substituer une autre. Après beaucoup de
recherches, Ambarisha rencontre un pauvre brahme, pieux et sage.
qui a trois fils. Il demande au brave homme de lui livrer, au prix
de cent mille vaches grasses, un de ses enfants. Mais le vieillard
ne veut pas céder son fils aîné, et sa femme se refuse à vendre
le plus jeune. Alors le second, Çunacépa, se lève. Il se dévoue.
Il demande seulement un jour de grâce, pour dire adieu à celle
qu’il aime, à la fleur de son printemps, la tendre et pure Çanta.
Il lui annonce qu’il va mourir. La vierge aussitôt déclare qu’elle
le suivra dans la mort :
Tu veux mourir, dit-elle, et tu m’aimes ! Eh bien,
Le couteau dans ton cœur rencontrera le mien !
Je te suivrai. Mes yeux pourraient-ils voir encore
Le monde s’éveiller, désert à chaque aurore !
C’est par toi que l’oreille ouverte aux bruits joyeux,
J’écoutais les oiseaux qui chantaient dans les cieux,
Par toi que la verdeur de la vallée enivre,
Par toi que je respire et qu’il m’est doux de vivre…