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LES HOMMES

bution les quatre volumes de la traduction faite par Burnouf du Bâghavata-Purâna, non sans s’inspirer en même temps de celle que Fauche avait donnée du Mahabarâta. Pour Néférou-Ra, il a consulté une série d’articles publiés dans le Journal Asiatique par un égyptologue de marque, le vicomte de Rougé. Pour La Légende des Nornes, il a utilisé l’Histoire de Dannemarc de Malet, les ouvrages d’Ampère, d’Ozanam, de Marmier. Pour composer ses poèmes grecs, non seulement il a lu à peu près tout ce que les Grecs nous ont laissé de poésie, depuis Homère jusqu’à Théocrite et Apollonius, mais encore il a eu connaissance des travaux d’Ottfried Muller sur les Doriens et fait son profit — tout au moins dans les Érinnyes — des découvertes archéologiques du Dr Schliemann. Il serait aisé, au besoin, de multiplier les exemples. On reconnaîtra que nul encore en France, le seul Chénier peut-être excepté, n’avait mis au service d’une imagination de poète une telle abondance d’érudition.

De cette érudition, toutefois, il ne faut s’exagérer ni la solidité ni la profondeur. Elle est, sur bien des points, déjà démodée. Tandis que Leconte de Lisle fixait ses conceptions poétiques en beaux groupes marmoréens, la science poursuivait ses enquêtes. Elle découvrait des faits nouveaux ; elle construisait des théories nouvelles ; elle remplaçait par d’autres hypothèses les hypothèses qui passaient, il y a un demi-siècle, pour des vérités. On ne saurait reprocher à l’auteur des Poèmes Barbares d’avoir mis une entière confiance dans les savants dûment qualifiés qu’à l’occasion il prenait pour guides, d’avoir, notamment, sur la foi de M. de Rougé, tenu pour un document officiel, émanant de Ramsès II, une inscription fabriquée quelques centaines d’années plus tard. On ne saurait même lui en vouloir d’avoir eu quelquefois la main moins heureuse dans le choix de ses inspirateurs : il y a soixante ans, qui n’aurait vu dans Henri Martin ou Hersart de La Villemarqué des autorités plus que suffisantes ? Mais il faut jouer quelque peu sur les mots pour admettre qu’on trouve réalisée dans cette poésie, toute « savante » qu’elle soit et qu’elle prétende être, cette union étroite, cette confusion de l’art et de la science que l’auteur, dans ses préfaces, assignait comme but