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INTRODUCTION
XVII

pliquant leur esprit méthodique et hardi à la meilleure utilisation de ces ressources, les Américains n’aient pas eu de peine à dépouiller la vieille Europe de ses ouvrages anciens relatifs au nouveau monde, étendant ainsi au domaine des sciences historiques la fameuse doctrine de Monroë. Les collections privées formées sur l’Amérique par des particuliers ou des libraires européens furent donc souvent achetées en bloc, et la plupart des livres intéressants soigneusement enlevés dans toutes les ventes. Mais il n’est pas inutile d’ajouter que même les grands dépôts publics ont parfois contribué à enrichir ces belles collections d’outre-mer : trop souvent la vigilance des bibliothécaires a été mise en défaut par l’habileté sans scrupule de quelque courtier désireux de posséder pour les revendre quelque édition rarissime ou quelque manuscrit précieux[1] Rien d’étonnant dans ces conditions à ce que, dès 1872, l’éminent auteur de la Bibliotheca Americana Vetustissima pût se plaindre de trouver « si peu de livres originaux relatifs à l’histoire primitive du nouveau monde… dans les bibliothèques publiques de l’Europe » et de constater à ce point de vue l’incontestable supériorité de celles de l’Amérique[2]. L’appauvrissement des bibliothèques continentales en livres précieux sur l’Amérique lui semblait déjà très sensible dans le cours du quart de siècle précédent. Les trente années écoulées depuis ont vu le mouvement s’accentuer encore et s’étendre de plus en plus.



Mém. et doc. de VÉcole des Chartes. — VI h

  1. Sur les vols d’Americana dans les grandes bibliothèques d’Europe, voir Harrisse, Bibliotheca Americana Vetustissima. Additions. Paris, 1872, in-4, p. XI et ss.
  2. Ihid., p. V. u There is not a literary institution however ricli and ancient which in this respect could compare with three or four private ibraries in America. »