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l’esprit qui domine dans le gouvernement ; et ce rapport est tel que la puissance supérieure de l’État entrave bientôt le libre jeu des forces. Semblables causes, semblables effets. Plus l’État concourt à laction, plus la ressemblance grandit, non-seulement entre les agents, mais encore entre les actes. C’est là precisément le désir des États. Ils veulent le bien-être et la tranquillité. On obtient toujours facilement l’un et l’autre à un degré tel que les intérêts individuels luttent moins vivement entre eux. Mais ce que l’homme considère, ce qu’il doit considérer, est tout autre chose, c’est la variété et l’activité. Elles seules forment les caractères riches et puissants ; et certes il n’est pas d’homme, si abaissé qu’il soit, qui préfère pour lui le bien-être et le bonheur à la grandeur, Mais quand on raisonne ainsi pour les autres, on se fait tout naturellement soupçonner de méconnaître l’humanité et de vouloir transformer les hommes en machines.

2o Le second mal causé par ces dispositions de l’Etat est qu’elles énervent la force de la nation. De même que la forme qui nait d’une matière douée d’une activité consciente d’elle-même donne à la matière plus de plénitude et de beauté ; — car le beau est-il autre chose que l’alliance d’éléments qui d’abord se combattaient ? alliance à laquelle l’indication de nouveaux points de jonction, et, par suite, un grand nombre de découvertes nouvelles, est toujours nécessaire ; alliance qui grandit toujours en même temps que la diversité qui existait avant elle ; — de même la matière est anéantie par la forme qu’on veut lui donner en la prenant hors